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L’EXPOSITION GAMERZ, FESTIVAL DES ARTS MULTIMÉDIA, UN REGARD SUR LE MONDE

Le festival international des arts multimédia Gamerz est revenu pour sa 15ème édition l’automne dernier du 13 au 24 novembre 2019 à Aix-en-Provence. La démarche entreprise cette année cherchait à interroger l’humanité dans son rapport au monde. Le festival a alors présenté près de trente artistes internationaux dont les œuvres ont été exposées dans plusieurs lieux culturels aixois. Conférences, performances et ateliers ont accompagné ces expositions qui ont eu lieu à l’Office du Tourisme, au Patio du Bois de l’Aune, à l’école Supérieure d’Art ainsi qu’à la fondation Vasarely. Les différents artistes ont tenté d’analyser nos sociétés par le biais de différents supports tout en proposant de sonder l’influence des technologies numériques dans notre rapport à l’autre. L’exposition à la fondation Vasarely que nous avons pu étudier révélait un panorama de visions concernant différents aspects d’une société en constante mutation. L’exposition est alors introduite par PAMAL_Group, composé d’artistes, d’ingénieurs et de conservateurs qui réalisent 3615 Love (2019, installation, voir ci-dessous) dont le support est le Minitel. Il s’agissait de reproduire le réseau de cet objet qui a marqué les prémices d’internet dans les foyers en France, et de reconstituer des œuvres télématiques datant des années 1980. Cette œuvre invite à constater que l’art s’immisce dans le numérique très tôt et pose également la question de la fragilité de ce type d’art. D’autres artistes se sont autrement interrogés sur la place du numérique dans notre quotidien.




PAMAL_Group, Le Minitel, de l'installation Olivier Morvan, Le cercle de craie, de 3615 Love, 2019 l’ensemble monographique « MEME »,2019



Quand l’art se joue de notre perception


Olivier Morvan compose un ensemble monographique qu’il appelle « MEME » (2019) dont certaines œuvres se répondent. On retrouve alors le phénomène de la paréidolie que l’artiste tente d’illustrer. Défini par la tendance naturelle qu’a le cerveau humain de percevoir des formes familières là où il n’y en a pas, ce phénomène psychologique se présente ici sous la forme de visages. L’artiste réalise plusieurs œuvres où trois trous suggèrent en effet cette forme. Ainsi, il créé une atmosphère fantomatique dont ces « visages » suggèrent l’absence du corps. De ce fait, il invite le visiteur à animer ses œuvres afin de combler ce vide. Olivier Morvan se joue alors de notre perception afin de déstabiliser le spectateur. Le cercle de craie (ci-dessus) est une œuvre qui semble être composée de plusieurs micros comme pour une conférence de presse. Le visiteur peut par ailleurs aller sous le projecteur afin d’animer cette œuvre. Mais, en s’approchant, il découvre que les micros n’en sont pas. Il s’agit en fait de déchets peints en noir et assemblés de manière à imiter des micros. De même que le phénomène de la paréidolie, cette nouvelle illusion nous fait douter de notre propre perception. La présence fantomatique cherche également à évoquer l’omniprésence du numérique que l’on trouve illustrée par la présence de téléphones portables.


Illustration d’un monde régi par le numérique


Certains artistes présentent une vision pessimiste du numérique, de son progrès et de sa place dans notre monde. Jon Rafman choisi d’évoquer cet aspect de notre société par le biais d’un film ( Poor Magic , 2015, vidéo couleur full HD, son stereo). L’œuvre est composée d’une vidéo d’une coloscopie rythmée par des séquences où des personnages modélisés en 3D évoluent dans un monde numérique chaotique. Ces personnages foncent dans un mur, s’entassent et semblent prisonniers du numérique (voir ci-dessous). Une voix résonne en fond et dit : « you can’t die, I’ve tried » ou encore « trapped in this shadow world, my mind hits itself ». Ces réflexions révèlent le caractère sinistre de cette œuvre qui dépeint une société dépendante du numérique.



Jon Rafman, Poor Magic , 2015, France Cadet, Leçon de chose 2.0,

vidéo couleur full HD, son stereo de l'ensemble monographique "Demain les robots", 2019



Les avancées numériques et scientifiques prennent de plus en plus d’ampleur en effet, et une autre artiste s’attache à illustrer cela. France Cadet réalise l’ensemble monographique « Demain les robots » (2018-2019) où elle utilise différents médiums pour présenter ces avancées technologiques et scientifiques en évoquant également leurs impacts ou les dangers qu’elles peuvent parfois représenter. Leçon de choses 2.0 est composé de cartes scolaires dont des informations actualisées ont été ajoutées par l’artiste avec de l’encre invisible UV que l’on découvre à l’aide de lampes prévues à cet effet (voir ci-dessus). On observe alors l’impact de l’homme sur les espèces et l’environnement. L’artiste évoque également la confrontation de l’homme à la machine, en passant du test de Turing au « Nouveau Rembrandt ». Dans ce parcours autour des avancées technologiques, on rencontre enfin le transhumanisme, mouvement qui promeut l’amélioration des performances humaines, par le biais de ces découvertes. France Cadet se met alors en scène dans des représentations de cyborgs (voir ci-dessous), dont la vraisemblance humaine dérange, tel que dans la « Vallée de l’étrange » que le roboticien Mori Masahiro décrit dans sa théorie publiée en 1970 qui suggère que plus un robot ressemble à un être humain, plus son aspect nous dérange, car il devient alors difficile de distinguer l’humain du robot.



France Cadet, FACS-simulé, de l’ensemble monographique

« Demain les robots », 2019


Nous avons donc affaire à une exposition qui dresse un portrait polymorphe du numérique et de la technologique tout en discutant de sa place dans notre monde. Son parcours nous permet alors de découvrir différentes perceptions de notre société nous invitant de ce fait à prendre du recul afin d’avoir un œil critique et d’analyser certains des aspects qui la composent. En somme, l’exposition de la fondation Vasarely offre une ouverture sur le monde à travers le prisme de l’art dont les différents supports permettent une visite variée et étonnante. De quoi nous encourager à découvrir la 16ème édition...



Lisa Danovaro



 
 
 

1 Comment


estelle.furt
Jan 14, 2020

Très bon compte rendu !

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